Vous lisez la suite de la 1ère partie de
l'article intiltulé Les Marchés Boursiers
à l'Heure d'Internet.
L'oeuf et la poule
L'effet du Web sur les comportements des
investisseurs n'est pas très clair et commence à peine à susciter
l'intérêt de la recherche universitaire. Bien que l'émergence de la
grande toile ait coïncidé avec une hausse des transactions, il est
difficile de déterminer si cette hausse a été causée par la diffusion
d'Internet.
L'euphorie pour les titres de haute technologie
a gagné toutes les catégories d'investisseurs, qu'ils soient
internautes ou non. D'ailleurs, le téléphone permettait déjà de
simplifier et de mécaniser les transactions sans l'intermédiaire d'un
courtier ou d'une téléphoniste.
Il y a plusieurs avantages à utiliser Internet
dans les transactions boursières. Primo, le coût très faible, notamment
quand on le compare aux services d'un courtier de plein exercice.
Secundo, la rapidité d'exécution et l'accès automatique aux résultats
des ordres transmis. Ne serait-ce que pour ces deux raisons, un
investisseur qui utilise Internet pour la première fois dans ses
transactions pourrait être tenté d'être plus actif, sans que cela ne
lui coûte plus cher qu'auparavant.
Une façon bien imparfaite de mesurer
l'influence directe d'Internet sur les pratiques des investisseurs
consiste à observer ce qui se passe quand cet outil est introduit par
une source extérieure. Aux États-Unis, c'est ce qui arrive quand les
grandes entreprises offrent à leurs employés une formule leur
permettant de gérer leurs comptes de retraite dans la société à l'aide
du réseau Internet.
Les professeurs James. J. Choi, David Laibson
et Andrew Metrick ont eu accès aux comptes de plus de 100000 employés de
deux grandes entreprises, à qui on permettait de faire des transactions
boursières par Internet.
Dix-huit mois après avoir obtenu de leurs
employeurs l'accès à cet outil, les transactions boursières avaient
quadruplé et représentaient plus de 60% du total des transactions
réalisées.
Quand, au cour de la période étudiée, ils ont
comparé les employeurs qui offraient Internet à ceux qui ne l'offraient
pas encore à leurs employés, les transactions boursières dans le
premier groupe étaient deux fois plus nombreuses que dans le second.
Autrement dit, l'utilisation d'Internet semble inciter les
investisseurs à faire plus de transactions que s'ils n'y avaient pas
accès. Tant et si bien que la rotation annuelle du portefeuille avait
augmenté, en moyenne, de 50%.
Sur le plan des caractéristiques des
investisseurs qui utilisent Internet, les trois chercheurs ont constaté
que le profil type est celui d'un homme jeune dont le revenu est
nettement supérieur à la moyenne.
Étonnamment, les individus qui avaient déjà un
taux élevé de transactions boursières à leur dossier n'étaient pas très
attirés par Internet. Ils préféraient exécuter leurs transactions par
des moyens plus traditionnels, comme un service téléphonique automatisé
ou un courtier de plein exercice.
Toutefois, dès qu'un investisseur a goûté à
Internet, il a tendance à recourir à ce moyen de transaction plutôt que
de retourner à des méthodes plus traditionnelles. Après avoir réalisé
deux transactions par Internet, l'investisseur a plus de 94% des
chances de faire la troisième par le même moyen.
Enfin, même si l'investisseur internaute est
plus riche que la moyenne, les transactions par Internet ont tendance à
être de moindre importance que celles qui sont réalisées par d'autres
moyens, aussi bien en termes de dollars que de portion du portefeuille.
Entre 1995 et 2000, les investisseurs
américains ont ouvert un total de 12,5 millions de comptes en ligne, un
chiffre qui pourrait grimper à plus de 42 millions en 2003, selon la
firme Cerulli Associates.
Selon un rapport de recherche de la Bourse de
New York, les transactions en ligne, à la fin des années 90, comptaient
pour la moitié de toutes les transactions réalisées par les
investisseurs individuels aux États-Unis. Pourtant, on comptait trois
fois plus de comptes traditionnels (hors ligne) que de comptes en
ligne.
En d'autres termes, les investisseurs qui
utilisent Internet pour leurs transactions sont beaucoup plus actifs
que ceux qui ne l'utilisent pas encore.
Quand on regroupe les transactions des
particuliers et des investisseurs institutionnels, on observe toutefois
que les transactions en ligne ne comptent que pour 20% du volume total
des transactions. Les courtiers traditionnels contrôlent encore la plus
grande part des activités boursières en Amérique. Mais pour combien de
temps encore?
Références:
Barber, B. et T. Odean, «The Internet and the
investor», Journal of Economic Perspectives, hiver 2001, p. 41-54.
Choi, James J., Laibson, David et Andrew
Metrick, «Does the Internet increase trading? Evidence from investor
behavior in 401 (k) plans», National Bureau of Economic Research,
juillet 2000.
André Gosselin
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