* Chronique tirée du livre « Investir dans les
titres de grandes entreprises » de André Gosselin.
Geraldine Weiss n'hésite pas à faire appel,
dans sa stratégie d'investissement, à quelques rudiments d'analyse
technique, ou plus exactement graphique, afin d'avoir un bon portrait
d'ensemble du comportement d'un titre dans le marché. Selon elle, un
horizon de 25 ans est l'idéal, mais un historique boursier de 12 ans
est suffisant pour se faire une bonne idée de la valeur marchande d'un
titre.
Quand on examine attentivement les
recommandations que Mme Weiss propose aux abonnés de sa lettre
financière, on constate que, lorsqu'un dividende ne représente que 1% a
3 % du prix d'une action, cela est l'indice que le prix de cette action
est trop élevé. Lorsque ce dividende atteint un pourcentage qui va au-delà
de 5 % du prix de l'action, le prix de cette action commence à
ressembler à une aubaine.
Mais, répétons-le, tout est relatif. Une action
A est une véritable aubaine lorsque son prix atteint un support
historique parmi les plus bas en 12 ans, de telle sorte que le
dividende constitue à lui seul un rendement de 12%. En ce qui concerne
la compagnie B, l'aubaine est détectable lorsque le prix de l'action,
pour un horizon de 12 ans, atteint un support permettant de croire que,
avec un rendement en dividende de 6%, l'investisseur fait une très
bonne affaire. L'aubaine idéale se produit lorsque le titre offre un
rendement en dividende parmi les plus élevés de son histoire,
coïncidant avec un prix de l'action parmi les plus bas de son histoire.
Outre le rendement de son dividende pour un
historique de 12 ans, Geraldine Weiss et Janet Lowe suggèrent 3 autres
règles complémentaires pour reconnaître une bonne aubaine chez un titre
blue chip de qualité :
1- Le ratio cours/bénéfices doit être
particulièrement bas pour ce titre et, surtout, inférieur au ratio
moyen des titres du Dow Jones Industrial Average (la seule exception à
cette règle provient des titres de croissance dont le ratio
cours/bénéfices est supérieur à leur normale historique, grâce
notamment à des bénéfices records ou inattendus de la part des
analystes); 2- La société doit avoir une solide santé financière,
c'est-à-dire un ratio des dettes sur l'avoir des actionnaires qui
n'excède pas 50% de dettes pour 50% d'avoir; 3- Le prix de l'action ne
doit pas dépasser de plus de 33 % la valeur au livre de la compagnie.
Ces trois critères de valeur sont bien
démontrés par la recherche académique; de plus, leur signification ne
prête pas a confusion.
Le porteur d'un titre qui offre un bon
rendement en dividende voudra également savoir si les profits de
l'entreprise sont suffisamment élevés pour permettre une augmentation
raisonnable et constante du dividende. Si le dividende compte pour
moins de 50 % des profits de l'entreprise, on pourra considérer qu'il
repose sur un coussin confortable et qu'il y a encore suffisamment de
marge pour que la direction de la compagnie puisse l'augmenter a
l'avenir. En ce qui concerne les entreprises d'utilité publique, on
peut monter la barre a 85%. Autrement dit, le dividende peut
représenter jusqu'à 85 % des profits générés par ce type de compagnie.
Ce qu'on appelle le dividend payout ratio (le
pourcentage des bénéfices distribues en dividende) peut donc varier
considérablement d'une compagnie a l'autre. Au moment ou Geraldine et
Gregory Weiss publiaient leur ouvrage, des compagnies en croissance
comme Disney, McDonald's ou Wal-Mart avaient un dividend payout ratio
variant de 14% a 16%. D'autres sociétés, en moins forte croissance, se
permettaient de distribuer un dividende qui épuisait presque tous les
bénéfices réalisés (Eastman Kodak: 86 % , Texaco: 92%), alors que
quelques-unes accordaient un dividende qui excédait les bénéfices réels
(Chevron: 105% ; DuPont: 169% , Proctor & Gamble: 189%), ce qui est
fort téméraire et même dangereux pour l'avenir de ce dividende.
Selon les critères élaborés par Mme Weiss pour
qualifier une compagnie de blue chip, 18 des 30 compagnies qui
constituent le fameux indice Dow Jones étaient recalées. Douze
seulement réussissaient à passer l'examen d'entrée.
André Gosselin
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