En novembre 2005, Joel Greenblatt a publié The Little Book That Beats the Market (le
petit livre qui bat le marché) qui est vite devenu un best-seller. Ce
livre propose ni plus ni moins qu’une « formule magique » qui, selon
l’auteur, permettrait aux investisseurs d’obtenir des rendements
supérieurs à ceux du marché. Après avoir fait des tests historiques dans
une base de données, M. Greenblatt clame que sa formule a procuré un
rendement annuel de près de 31% de 1988 à 2004, soit plus de trois fois
le rendement du marché pour cette même période.
Sa formule magique se base principalement sur
deux facteurs : le retour sur le capital et le taux de rendement (earning
yield). Le retour sur le capital se définit comme les profits d’une
entreprise sur douze mois avant les intérêts et les taxes, divisés par
les avoirs tangibles. Le taux de rendement correspond aux profits divisés
par la valeur boursière plus la dette. Ce qui est intéressant de cette
formule, c’est qu’elle examine des facteurs reconnus et qui sont
généralement gages de succès en Bourse. Comme l’explique l’auteur, en
utilisant la formule, on se retrouve globalement avec de bonnes
entreprises à de bons prix.
Plusieurs investisseurs seront sceptiques vis-à-vis
d’une stratégie de placement si simple. Et ils ont raison. Il suffit
de regarder quelques ouvrages du même genre publiés précédemment pour
remarquer que les « formules magiques » ne sont pas si magiques que ça.
Par exemple, la stratégie des Dogs of The Dow qui consiste à acheter les
10 actions ayant le rendement en dividende le plus élevé parmi le très
célèbre indice américain du Dow Jones a donné de bien pauvres rendements
ces dernières années. Pourtant, on rapporte haut et fort qu’il a produit
un rendement annuel moyen de 17,7% depuis 1973 ! Un autre illustre
exemple est celui du gestionnaire O’Shaughnessy qui a, en 1996, publié un
livre nommé What Works on Wall Street. Celui-ci proposait d’acheter 50
actions ayant eu un bon momentum boursier, 5 ans consécutifs
d’augmentation des profits et un ratio cours/valeur comptable de moins de
1,5. Ces critères, comme ceux de Greenbatt, sont reconnus en analyse
fondamentale. De 1954 à 1994, cette stratégie aurait produit un rendement
de 18,2%. Enthousiaste, O’Shaughnessy a breveté sa méthode de sélection
et a lancé ses fonds mutuels basés sur sa stratégie « prouvée par le
temps ». Résultat : ses fonds ont sous-performés le marché durant leurs
premières années. Il en a fermé deux et a quitté la direction des autres.
Qu’est-ce qui explique cela ? Selon moi, il y a
deux facteurs. D’abord, une fois la stratégie connue de tous, elle perd
son pouvoir prédicateur car beaucoup de gens se précipitent pour acheter
les actions concernées gonflant ainsi les prix. Il y a aussi le fait
qu’une stratégie mécanique favorise généralement une ou quelques types
d’entreprises. Par exemple, les Dogs of The Dow permettent de bâtir un
portefeuille constitué uniquement de grandes capitalisations américaines.
Ces actions ont moins bien performé récemment. Qu’est-ce qui dit qu’elles
auront le même rendement de 2000 à 2050 que de 1950 à 2000 ? Au cours des
décennies, l’économie change sensiblement. La formule de The Little Book That Beats the Market, en axant
sa sélection sur le retour sur le capital, permet de trouver des
compagnies qui génèrent de l’argent avec peu d’actifs comme dans le
secteur des services ou la fabrication légère. Si les années 1988 à 2004
ont été bonnes pour ce genre d’entreprise, le futur favorisera-t-il les
entreprises de fabrication industrielle, les services financiers ou les
services publics ? Là réside la faiblesse des formules magiques.
Bref, le livre de Greenbatt offre des notions
intéressantes sur l’utilisation de mesures fondamentales forts utiles
comme le retour sur le capital et le taux de rendement. Néanmoins, en
appliquant la formule magique, il est loin d’être certain que vous vous
en tirerez avec des rendements extraordinaires. Pour assouvir votre
curiosité, voici, en terminant, une liste d’actions avec une
capitalisation boursière supérieure à 1 million $ les mieux cotés selon
la formule magique selon le site officiel du livre,
www.magicformulainvesting.com.
Nom de la compagnie |
Symbole |
Alon USA Energy |
ALJ |
American Eagle Outfitters |
AEOS |
Angiotech Pharmaceuticals |
ANPI |
Arbitron |
ARB |
Block (H&R) |
HRB |
CGI Group |
GIB |
Check Point Software Technologies |
CHKP |
Deluxe Corp |
DLX |
EarthLink |
ELNK |
Freeport-McMoRan Copper & Gold |
FCX |
Frontier Oil Corp. |
FTO |
Harland (John H.) Co |
JH |
Hasbro |
HAS |
Holly Corp |
HOC |
Intel Corp |
INTC |
King Pharmaceuticals |
KG |
Kos Pharmaceuticals |
KOSP |
Marvel Entertainment |
MVL |
Mattel |
MAT |
NS Group |
NSS |
Nu Skin Enterprises |
NUS |
Timberland Co (The) |
TBL |
UST |
UST |
Valassis Communications |
VCI |
Yankee Candle Co |
YCC |
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The Little Book That Beats the Market
Joel GreenBlatt
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Nicolas Bellemare
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