Dans le milieu des investisseurs
institutionnels spécialisés dans les PME, Claudia Mott est une
autorité. Première vice-présidente chez Prudential Securities et
directrice du service de recherche sur les petites capitalisations,
Claudia Mott favorise une approche mécanique et quantitative de
l’investissement.
Une des anomalies du marché qu’elle aime
exploiter avant tout est celle des bénéfices surprises. Les
recherches qu’elle mène avec son équipe de Prudential Securities
l’ont convaincu que la stratégie qui consiste à choisir des titres en
fonction des bénéfices non prévus (bénéfices qui dépassent les
attentes des analystes) est une des meilleures qui soient dans le
segment des petites capitalisations.
Une stratégie d’investissement assez
lucrative dans le domaine des entreprises à petite capitalisation
consisterait donc à acheter les titres dont les bénéfices anticipés
ont été révisés à la hausse par les analystes financiers des grandes
firmes de courtage dont le métier, justement, est de faire des
recommandations.
Une telle stratégie, fondée sur l’analyse
quantitative, aurait l’avantage de fonctionner à l’intérieur de
plusieurs contextes différents, peu importe qu’il s’agisse de titres
de croissance ou de titres de valeur, d’un marché haussier ou d’un
marché baissier, et peu importe également le secteur industriel.
Satya Pradhuman, analyste quantitativiste
senior chez Merrill Lynch, retient dans ce modèle trois critères
qu’elle pondère de la façon suivante : 1- le premier critère,
comptant pour 40%, est celui de la croissance relative du prix du
titre ou de ce qu’on appelle le momentum des cours (plus le prix d’un
titre a augmenté lors de la dernière année, meilleur est son
pointage); 2- le second critère (pondéré à 30%) est relatif à
l’ampleur de la révision, à la hausse, des bénéfices de la compagnie
par les analystes (plus les bénéfices anticipés sont corrigés avec
une marge importante, meilleur est le pointage du titre); 3- le
dernier critère (comptant pour 30% de la note finale) met l’accent
sur un bas ratio cours/fonds autogénérés (une mesure similaire au
ratio cours/bénéfices, mais moins sujette aux manipulations
comptables).
De 1980 à 1995, cette stratégie, appelée
Aurora, aurait rapporté un rendement annuel moyen de 31%. Lors d’un
marché moins haussier, Pradhuman recommande de changer la pondération
des trois critères pour ce qui suit : 15% pour le critère de révision
des bénéfices, 15% pour le momentum des cours de l’action et 70% pour
le ratio price to cash flow. Cette variante du modèle aurait généré
un rendement annuel de 25% entre 1980 et 1995. Intéressant n’est-ce
pas?
André Gosselin
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