Les recherches de Spectrum
Les recherches réalisées par la société de
fonds mutuels de Toronto en 2002 ont permis de valider sa stratégie
de "persistance des gagnants" sur des données boursières historiques.
Pour les secteurs industriels, elle a eu recours aux rendements
mensuels du TSE 300 et à ceux de ses 14 sous-indices sectoriels. Le
modèle testé consistait à comparer le rendement d'un portefeuille des
7 secteurs dits "gagnants" du TSE (ceux aux meilleurs momentum) avec
le rendement des 7 secteurs dits "perdants" (avec les moins bons
momentum). Le portefeuille des gagnants contenait les 7 indices
sectoriels qui ont enregistré les meilleurs rendements lors des 12
derniers mois, tandis que le portefeuille des perdants contenait les
7 indices sectoriels qui ont connu les pires rendements lors des 12
derniers mois.
Étonnamment, ces portefeuilles gagnant et
perdant n'étaient pas conservés durant 6 mois ou un an avant d'en
apporter des modifications. Les stratèges de Spectrum ont préféré
ajuster les portefeuilles une fois par mois, en regard de la
performance de chaque indice sur les 12 plus récents mois complétés.
Les résultats sont tout de même intéressants, d'autant plus qu'ils
portent sur près de 40 ans d'historique boursier, de 1963 à 2000.
Pour toute cette période, le portefeuille des 7 secteurs gagnants a
enregistré un rendement annuel moyen de 15,1%, contre 8,5% pour le
portefeuille des 7 secteurs perdants et 10,9% pour le TSE 300.
Le même protocole a servi pour comparer un
portefeuille de gagnants avec un portefeuille de perdants, mais cette
fois-ci sur 14 indices MSCI (Indice boursier mondial) se rapportant
chacun à un pays spécifique. Pour la période considérée (1972 à
2000), le portefeuille des 7 indices gagnants a enregistré un
rendement annuel moyen de 17,7%, contre 10,7% pour les 7 indices
perdants et 12,8% pour l'indice global MSCI World.
Comme je l'ai dit plus haut, le fonds
Tactonics de Spectrum mise sur la persistance des gagnants au niveau
sectoriel, au niveau des marchés boursiers nationaux et au niveau des
styles de gestion. Afin d'avoir un aperçu des rendements historiques
d'une telle stratégie intégrée, les stratèges de Spectrum ont utilisé
18 indices américains portant sur les secteurs industriels et les
styles de placement, et 6 indices représentant des pays. Les
portefeuilles gagnant et perdant étaient constitués de 12 indices
chacun, répartis selon leur performance des 12 plus récents mois et
soumis à des ajustements mensuels. En raison des limites imposées par
la disponibilité des bases de données boursières, la validation n'a
pu être faite que sur une période très réduite, allant de 1994 à
2000.
Le portefeuille des 12 indices gagnants a
généré, pour cette période, un rendement annuel moyen de 17,2%,
contre 10,5% pour le portefeuille des 12 indices perdants et 14,3%
pour l'indice MSCI World. Bien qu'il n'y ait pas d'indice de
référence parfait pour ce type de portefeuille, les stratèges de
Spectrum se sont donné comme objectif de surpasser l'indice MSCI
World.
La philosophie du fonds Tactonics de Spectrum
ne se contente pas de parier sur la persistance des indices gagnants.
Elle utilise une mesure du risque assez nébuleuse qui lance un signal
de vente lorsque "le rendement d'un marché ou d'un secteur excède le
rendement attendu à long terme et ce, à raison de deux écarts-types".
En utilisant cet indicateur, on réussirait à ajouter de 1% à 2% de
rendement de plus aux rendements annualisés du portefeuille.
L'étude de validation de Spectrum est fort
instructive, notamment quand elle confirme la persistance des
gagnants au sein des indices sectoriels de la Bourse de Toronto. Le
phénomène de momentum sectoriel que des universitaires américains ont
découvert récemment aux États-Unis semble également exister au
Canada. Quand nous aurons assez de FTB sur les sous-indices
sectoriels de l'économie canadienne une stratégie d'investissement
sur la persistance des gagnants sectoriels pourrait être très
attrayante et lucrative.
Le produit offert par Spectrum est certes
intéressant et novateur. Rien n'empêche toutefois un investisseur de
mettre en application, par ses propres moyens, une stratégie de
persistance des gagnants. Il suffit alors d'acheter directement ses
FTB plutôt que d'investir dans un fonds de fonds. Comme l'a montré la
recherche universitaire, on peut se contenter d'acheter les 4 ou 5
meilleurs FTB des 12 derniers mois pour avoir une stratégie gagnante,
et de faire les ajustements nécessaires une fois l'an seulement.
André Gosselin
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