Dans ce troisième et dernier article de la
série sur Benjamin Graham, nous
aborderons trois thèmes reliés à l’investissement soit la valeur de
l’expérience en Bourse, les conseillers financiers ainsi que les fonds
mutuels. Nous terminerons cette série par une sélection de citations
tirées du livre The Intelligent Investor écrit par le père de
l’investissement de valeur, Benjamin Graham.
La valeur de l’expérience et de l’Histoire
Benjamin Graham considère l’expérience importante
pour l’investisseur. Selon lui, on apprend à investir en investissant et
en commettant des erreurs. Même si, comme Graham le dit, les erreurs sont
inévitables, je crois qu’il est possible d’éviter un fiasco en lisant sur
l’investissement (surtout sur les erreurs des autres), en y allant
progressivement (mettre plus d’argent lorsqu’on a plus d’expérience) et
en se pratiquant. Des simulateurs boursiers existent et permettent de
gérer un portefeuille comme dans la réalité, à l’exception près que
l’argent est virtuelle. Celui de Investopedia
(simulator.investopedia.com)
est particulièrement bien fait.
Pour Benjamin Graham, l’Histoire du marché boursier est
très importante. Il l’a étudiée en profondeur. Ceux qui ignorent les
erreurs du passé sont condamnés à les répéter. Mieux vaut se dissocier de
la foule qui a la mémoire plutôt courte (le fait que des bulles
boursières reviennent périodiquement en est la preuve). De plus,
connaître le passé permet de mieux définir nos attentes et d’être mieux
préparé aux différentes situations qu’il est possible de rencontrer en
cours de route. Selon B. Graham, tout investisseur doit se mettre en tête
qu’il est tout à fait normal qu’un titre avance de 50% de son point le
plus bas et qu’il recule d’un tiers à partir de son point le plus haut à
plusieurs reprises au cours d’une période de cinq ans. L’Histoire nous a
appris que de telles fluctuations sont normales et un investisseur qui ne
les acceptera pas aura difficilement du succès en Bourse.
Les conseillers financiers
B. Graham met en garde les investisseurs envers les
conseillers financiers et analystes. À moins d’avoir une bonne relation
et une de connaissance de la personne en question, il vaut souvent mieux
éviter les conseils des autres et avoir une pensée indépendante. Il vaut
mieux avoir une stratégie simple, conservatrice et y adhérer. Benjamin Graham
souligne aussi qu’il y a un certain biais professionnel dans les
recommandations d’un courtier. Généralement, les investisseurs qui
enrichissent le moins leur courtier (ceux qui font le moins de
transactions et paient donc le moins de frais de courtage) sont ceux qui
ont le plus de succès.
Les fonds mutuels
Benjamin Graham croit que le fonds mutuel demeure la
meilleure option pour bien des investisseurs car en gérant soi-même un
portefeuille d’actions, il est facile de tomber dans le piège de la
spéculation (Voir Benjamin Graham,
Spéculation ou
investissement?). En confiant la gestion de ses actions à un
professionnel, l’investisseur évite les catastrophes. Quant à la
sélection, il suggère d’acheter un groupe de fonds fermés qui se vendent
au-dessous de la valeur de leur actif. Si les fonds sont une
bonne manière pour investir dans les actions, B. Graham suggère de les
éviter pour les obligations. Les fonds comportent toujours des frais de
gestion. Ceux-ci sont justifiés pour un fonds d’actions car la gestion
est plus complexe, mais B. Graham croit qu’il est tout à fait possible
d’aller chercher des rendements satisfaisants soi-même en achetant des
obligations gouvernementales et/ou de compagnies ayant des cotes de
crédit élevées et par le fait même éviter les frais.
Citations
Certaines phrases de Benjamin Graham sont
particulièrement évocatrices de sa philosophie d’investissement. Voici
une brochette de citations particulièrement savoureuses de Benjamin
Graham.
Concernant les fluctuations : « Tout le monde
sait que les fluctuations dans les prix des actions sont trop amples dans
les deux directions, souvent dans le marché en général, mais toujours
dans au moins quelques actions individuelles. »
Sur les prévisions du marché : « C’est absurde de
penser que l’investisseur individuel peut faire de l’argent en suivant
des prévisions sur la direction du marché boursier. »
La définition classique de l’investisseur
perspicace : « Celui qui achète dans un marché baissier quand tout le
monde vend et qui vend dans un marché haussier alors que tout le monde
achète. »
Le pouvoir de la foule : « Même l’investisseur
intelligent aura sans doute besoin d’une force considérable pour ne pas
tomber dans le piège de suivre la foule. »
La difficulté de prévoir les prix : « S’il est
pratiquement impossible de faire des prédictions valables sur les prix
des actions, il est complètement impossible d’en faire pour les
obligations. »
La difficulté d’évaluer les dirigeants d’une
entreprise : « Tant qu’il n’y aura pas de tests objectifs, quantifiables
et suffisamment fiables sur les compétences de gestion, ce facteur
restera difficile à évaluer. »
Les promesses miracles : « Des gens intelligents,
énergiques -et généralement assez jeunes- ont promis de faire des
miracles avec l’argent des autres depuis des temps immémoriaux. En fin de
compte, ils ont inévitablement apporté des pertes à leur public. »
La sécurité réside dans les profits – rien
d’autre : « L’expérience a démontré que dans la plupart des cas, la
sécurité réside dans la capacité bénéficiaire (la capacité de faire des
profits), et que si cela est déficient, les actifs perdent une grande
partie de la valeur qu’on leur attribue. »
Les citations proviennent toutes de The
Intelligent Investor et sont traduites librement.
Plusieurs éléments de cette série d’articles sont
inspirés du texte Honoring Benjamin Graham: The Father of Value
Investing écrit par Albert L. Auxier, Ph. D.
Nicolas Bellemare
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