Entrez un symbole:
Ex. Toronto: TSX:TD
 



 
Vous êtes ici :  Accueil > Articles > Page 2 > Attention! Les Analystes Révisent Leurs Recommandations Et Leurs Prévisions
 ATTENTION! LES ANALYSTES RÉVISENT LEURS RECOMMANDATIONS ET LEURS PRÉVISIONS
 

   * Source : Livre : « Investir dans les titres de petites entreprises», écrit par André Gosselin, aux éditions Transcontinental.

   On peut décrire le travail des analystes financiers sous l’angle suivant : ils cherchent à prévoir ce que l’on trouvera dans les rapports financiers trimestriels et annuels des entreprises, et ils tentent de répondre à la publication de ces données financières soit en réitérant leurs prévisions et leurs recommandations, soit en les révisant si les résultats financiers s’écartent passablement de leurs prévisions. Dans ce dernier cas, ils essaient de se justifier et de donner les raisons pour lesquelles les résultats réels de la compagnie s’écartent beaucoup de leurs prévisions. Un aspect du travail des analystes consiste donc à énoncer dans leurs rapports des arguments de justification, une sorte de rhétorique subtile, par lesquels ils s’expliquent de leurs erreurs.

   La plupart des analystes réajustent leurs prévisions et leur recommandation le plus tôt possible après les annonces de bénéfices par les entreprises. Ces activités de révision sont évidemment plus importantes lorsque les résultats financiers des entreprises s’éloignent des prévisions (notamment quand les bénéfices réels sont inférieurs aux bénéfices attendus) et que plusieurs analystes suivent la même société 93. Lorsque les bénéfices dépassent les attentes de l’analyste, celui-ci est rassuré et ne refait un rapport que s’il est convaincu qu’il doit corriger à la hausse ses prévisions pour le prochains trimestres. Quand, à l’inverse, les bénéfices sont inférieurs à ses attentes, l’analyste se sent obligé de refaire ses devoirs et de se justifier, même s’il est convaincu que ses prévisions ne changeront pas pour les autres trimestres.

   Or, l’intense activité de réajustement des recommandations et des prévisions des bénéfices par les analystes est associée de près à ce que l’on appelle les bénéfices surprises. Il suffit de suivre les activités de révision des bénéfices et de mise à jour des recommandation par les analystes pour dénicher des titres aux rendements supérieurs à la normale. D’ailleurs, plus l’écart entre la prévision initiale et la prévision corrigée est grand, plus la réaction des cours est élevée et se prolonge dans le temps (jusqu’à six mois). La science financière a amplement démontré cette relation causale sans que j’y insiste trop.

   L’investisseur a tendance à croire, avec raison, que lorsque l’analyste renouvelle ses recommandations, il a aussi modifié ses prévisions des bénéfices des entreprises. Certes, une recommandation d’achat ou de vente peut changer pour plusieurs raison, mais, généralement, si l’analyste réajuste ses recommandations, c’est qu’il a modifié ses prévisions des bénéfices.

   Les professeurs Jennifer Francis et Leonard Soffer (1997) ont démontré que, pour un même titre, les changements dans les recommandations des analystes ont un effet sur le cours des actions qui est partiellement indépendant des changements dans leurs prévisions des bénéfices. Ils ont constaté, cependant, que les investisseurs attachent une plus grande signification aux révisions des bénéfices lorsqu’elles sont accompagnées d’une recommandation de conserver ou de vendre les actions 95.

   Les bénéfices surprises et les titres de petite capitalisation: un excellent filon

   Claudia Mott est une autorité dans le milieu des investisseurs institutionnels spécialisés dans les titres de petite capitalisation. Première vice-présidente chez Prudential Securities et directrice du service de recherche sur les petites capitalisations, Claudia Mott favorise une approche mécanique et quantitative de l’investissement. L’une des anomalies du marché qu’elle préfère est celle des bénéfices surprises. Les recherches qu’elle mène avec son équipe de Prudential Securities l’ont convaincue que la stratégie qui consiste à choisir des titres en fonction des bénéfices non prévus (bénéfices qui dépassent les attentes des analystes) est l’une des meilleures méthodes qui soient dans le segment des petites capitalisations.

   Nous savons déjà que les compagnies qui réalisent des bénéfices supérieurs aux attentes des analystes et des investisseurs professionnels ont tendance à voir leur titre grimper de façon substantielle durant les quelques mois qui suivent. Ce effet de surprise, à en croire Graja et Ungar, serait amplifié au sein des titres de petite capitalisation. Par exemple, des bénéfices positifs supérieurs aux attentes des analystes génèrent en moyenne, dans la catégorie des petites capitalisations, un rendement de l’action de 13,7 % pour 3 mois, contre 5,7 % pour les titres de grande capitalisation.

   Les premiers travaux sur les bénéfices inattendus des entreprises et leur répercussion sur le cours des titres remontent au début des années 1970, grâce, notamment, à la contribution des professeurs Latané, Jones et Rieke 96. Ces derniers ont découvert que, lorsque les entreprises déclarent des bénéfices inattendus de la part des analystes, supérieurs à ce qu’ils pouvaient en moyenne prévoir, le cours de leur titre fait des gain au-delà de la normale. Les chercheur ont également observé que si les bénéfices imprévus sont annoncés pour un trimestre, il y a de bonnes chances que le trimestre suivant comporte également l’annonce de profits que les analystes n’avaient pas prévus. On a appelé ce phénomène « la théorie des cafards » (cockroaches theory).De même que la présence d’un unique cafard est l’indice que d’autres sont cachés, un trimestre de bénéfices surprises vient rarement seul. Et ce, peu importe la taille des entreprises.

   Parmi tous les facteurs retenus dans les modèles quantitatifs testés par Claudia Mott, l’effet « bénéfices surprises » est celui dont le rendement est le plus constant dans le marché des petites capitalisation 97.

   En moyenne, lorsque les petites compagnies déclarent des bénéfices qui surprennent positivement les analystes, le prix des leurs actions, au cours des 12 mois suivants, fait des gains de 12,9 % supérieurs à ceux de l’indice des titres de petite capitalisation Russel 2000.

   On peut aussi appliquer au secteur des titres de petite capitalisation la théorie des cafards. En effet, 34 % des compagnies qui ont rapporté des bénéfices positifs inattendus au cours d’un premier trimestre répètent la surprise au cours du trimestre suivant. En revanche, 41 % des compagnies qui déclarent des bénéfices inférieurs à ceux prévus au cours d’un premier trimestre répètent cette mauvaise surprise au cours du trimestre suivant. Toutefois, l’effet mauvaise surprise n’est pas catastrophique sur le prix de l’action, car en moyenne les compagnies en cause ont un rendement de 3,5 % inférieur à l’indice de base pour un an. Enfin, les secteurs industriels où l’on trouve le plus de déclarations de bénéfices inattendus sont ceux des soins de santé, des services financiers, de la technologie et des services de consommation.

   André Gosselin

 
 
 
Tous droits réservés ©2004-2020 Agnosoft